Sur les toits

La ville s'éveillait tout juste. Le soleil venait de se lever, et déjà les gens ouvraient leurs volets, sortaient dans les rues, rejoignaient leurs amis, et se hataient à toute sortes d'activités. Seul un sombre personnage se tenait à distance, sur les toits. Et oui, Matt restait là, sur les hauteurs, observant d'un simple coup d'oeil chaque personne qui passait à portée de ses yeux. Sa peur de la foule disparaissait peu à peu, en passant ses journées à voir passer autant de monde, cela n'a rien d'étonnant. Mais au-dessus de toute cette foule, il se sentait terriblement seul. La guilde commençait à le lasser, il surpassait ses peurs, et manquait d'action. L'île toute entière commençait à l'ennuyer, et pourtant, il restait là, veillant sur tous ses gens. Il lui était arrivé d'intervenir de rares fois, en attrapant quelques bandits qui agissaient dans les ruelles sombres, et s'enfuyait sans attendre le moindre remerciement. Il était lui même rôdeur et voleur, mais ceux de son espèce le dégoutait jusqu'au tréfond de son âme.

Lui qui se croyait seul, il fut étonné d'entendre des pas légers et discrets, mais des pas, sur les tuiles des toits environnants. Il n'arrivait pas à savoir d'où ils venaient, car les bruits de la foule en dessous de lui les couvraient en partie, mais il savait qu'il y avait quelqu'un sur les toits. Il était surement découvert, aussi il jugea inutile de s'enfuir ou de se dissimuler. Il attendait juste la personne qui arrivait vers lui, ne sachant s'il espérait éviter la discussion, ou plutôt trouver quelqu'un à qui parler pour briser cette solitude...

Quelle belle journée se profilait ! Seule au balcon de ce magnifique appartement, elle s’étirait comme une bien heureuse prenant l’air frais de l’aube. Le monde s’éveillait et une nouvelle journée commençait. Aujourd’hui la jeune femme allait en forêt pour tenir compagnie à Gwidyon. Cela faisait longtemps qu’elles n’avaient pas été toutes les deux, tranquilles pour discuter et s’entraîner à la magie. La jeune palefrenière avait encore besoin d’entraînement pour récupérer de ses blessures. Une à l’épaule, une au mollet et plusieurs un peu partout.

Mais avant, elle ferait autre chose. Une fois de plus, elle voyait cet homme de haute stature perché sur les toits en train d’observer l’éveil de la ville enroulé dans sa cape sombre. Elle l’avait déjà vu lors de la kermesse du village, un étrange souvenir d’ailleurs, et il fallait dire qu’il était intriguant de part cette solitude que son aura toute entière dégageait. Elle connaissait beaucoup de monde sur l’île de par sa position et le fait qu’elle bougeait beaucoup, mais jamais elle n’avait encore rencontré cet étrange individu, mystérieux et sombre.

Elle rentra alors, et se prépara, s’habillant de manière décontractée, soit une robe fine bleue turquoise et de petites sandales bien confortables et légères. Puis doucement elle glissa sans aucun bruit vers la sortie. Au passage elle passa à l’auberge d’Engel Tear pour faire un petit coucou à Miyu. Il dormait toujours, alors pour ne pas le réveiller, elle se contenta de lui faire un bisou et s’en alla de nouveau. Se baladant dans les rues, elle essaya de retrouver l’homme, regardant els toits d’en bas mais cela n’était pas évident. Trouvant une petite échelle accolée au mur d’un établissement, elle s’y hissa, ne voulant utiliser ses pouvoirs. Puis de là, la vue imprenable que lui offrait la hauteur, elle se dirigea vers la silhouette qui lui tournait le dos, à pas feutrés, dignes de ceux d’un elfe averti.

La jeune fille avait beaucoup appris depuis son arrivée sur l’île. On pouvait même dire qu’elle n’avait rien avoir avec la Arwana d’avant. Tout en elle avait pris une autre tournure. Sa pensée même s’était transformée. Mais son cœur lui était le même avec les même blessures toujours à vives. Quoi qu’il en soit, elle avait aussi gardé son intérêt pour les autres. Et cet homme faisait parti de ces curiosités. C’est ainsi qu’arrivé derrière lui elle émit un petit son pour prévenir de sa présence qui s’était faite silencieuse.

« Quelle belle journée n’est ce pas ? Et là vue d’ici est idéale pour une petite surveillance, non ? Qu’en pensez vous ? »

La ville semblait bien agitée ce matin, contrairement aux toits qui étaients bien calmes et peu fréquentés. Il y avait bien quelques animaux de type chats ou oiseaux, mais personne d'humain. Jusqu'à maintenant. Alors qu'il avait laché des yeux les rues de la ville quelques mètres en dessous de lui pour lever lever le visage vers le ciel, et sentir un peu le soleil qu'il avait si rarement vu, et qu'il se mettait à apprécier de plus en plus, il entendit des bruits de pas, légers certes, mais audibles, et mit sa capuche. Dommage, il s'habituait de plus en plus à cette lumière et cette chaleur, mais il ne supportait qu'un incconu voit son visage.

Il vit alors une personne arriver, une femme apparemment. Il attendit quelques instants, tourna la tête, l'air de rien, et l'entendit parler. Visiblement, elle s'adressait à lui.
"Belle journée en effet."

Surveillance? Non, étude. La surveillance, c'est bon pour les espions. Matt était plutôt du genre... pas espion. Les espions travaillaient pour quelqu'un, et n'étaient pas conditionnés pour se battre. Matt avait passé sa vie à ça, il était entièrement consacré au meurtre. Maintenant qu'il avait arêté le "métier" d'assassin, il n'avait plus que la Guilde, et pourtant, il avait l'impression de se rouiller. Bref, il ne surveillait pas, il étudiait.

Arwana se sentait d’humeur joyeuse en cette belle matinée. Le soleil devait y être pour beaucoup. Même revoir cet étrange homme sur le toit d’en face, à quelques mètres n’avait réussi à la troubler ! Mais au contraire cela avait piqué sa curiosité. Il ne fallait pas oublier que la palefrenière était encore bien jeune, et malgré tout ce qu’elle avait vécu, elle n’en restait pas moins dans les fleurs de la jeunesse qui vous donnent cette témérité et cette envie de découverte que l’on perd souvent avec l’âge. Ainsi, elle s’en était allée à la rencontre de cet étranger.

Elle n’avait pas bien peur, de par le fait qu’il traînait en ville, et qu’elle savait pertinemment que els sœurs Aleyna ne laisserait jamais quelqu’un de dangereux errer ainsi, mais aussi de par le fait qu’il ne semblait pas agressif. Non pour lors, il était là, en train d’observer. En effet les rues d’Ynis commençaient à se bonder avec l’avancée de la journée. Elle était belle, d’autant plus animées.

Elle s’était approchée alors de l’homme, après une petite escalade, aussi légère qu’une plume et silencieuse qu’une panthère. Cependant elle s’était laissée entendre, rien n’était calculé de toute manière. Non elle ne voulait pas lui faire peur, elle voulait juste savoir qui il était, il l’intriguait, oui c’était ça le mot, il l’intriguait ! Mais il ne semblait moins en penser autant car il ne se perturba moins le moins du monde de sa présence. C’était à peine si il avait répondu quelque chose à son allocution ! Alors elle s’avança encore un peu, puis s’assit sur le bord du toit, laissant ainsi pendre ses jambes. Elle se mit à regarder l’homme qu’elle ne connaissait pas et dont elle ne voyait pas grand-chose de son visage.

« Je vous dérange ? Vous êtes solitaire endurcit ? »

A ça, Arwana avait pas sa langue dans sa poche elle disait ce qui lui passait par la tête, mais son sourire indiquait tout de même le ton léger sur lequel elle employait ces mots !

Le soleil était déjà bien haut dans le ciel, et Matt le supportait très bien. Depuis qu'il était sur l'île, il s'exposait de plus en plus, et son intolérance à la lumière du jour disparaissait peu à peu. Sa capuche ne lui servait pratiquement plus, à part quand quelqu'un venait le déranger. Pour la première fois depuis longtemps, il pouvait observer toute une population, de son réveil à son coucher, sans avoir à se soucier de trouver une cible de contrat, une personne à tuer.

Mais bon, maintenant, il y avait une personne de plus qui essayait de le faire parler, mais il avait encore du mal. Il ne trouvait jamais les mots, et quand une personne lui parlait, il n'osait pas répondre. C'est d'ailleurs le cas dans lequel il se trouvait actuellement. Quelle idée aussi de lui parler de sa solitude!

"On peut dire ça"

Il s'était enfin décider à parler, mais très peu de mots sortaient de sa bouche. Il lacha les rues du regard pour se tourner vers la jeune femme qui était à quelques mètres de lui. Il lui semblait l'avoir déjà vue, mais impossible de se rappeller où et quand. Il ne croisait pas grand monde en dehors de la ville, et elle ne faisait apparemment pas partit de la guilde non plus. Il l'avait donc vu en ville. Il voulait absolument se souvenir en quel lieu et quand il l'avait vu, sans raison particulière, mais cela le tracaissait.

Arwana était curieuse mais sa patience avait des limites assez notables. Surtout ces derniers temps. Allez savoir pourquoi mais elle perdait assez vite patience ! C’est ainsi, qu’elle sentait que l’entre vue avec cet inconnu si elle continuait ainsi, ne durerait pas très longtemps. En effet très peu coopératif, il état très peu loquace et en plus il signifiait, en cet instant présent que la présence de la jeune elfe le perturbait. A moins que celle-ci ait tout à fait mal compris sa réponse. Parfois les interprétations ne sont pas toujours les bonnes ! Surtout que ces derniers temps Awana avait décidé de mettre ses pouvoirs de côté et avec une méthode qui lui avait été enseignée par Miyu, elle avait appris à les bloquer. A les contrôler de sorte qu’ils n’interviennent pas dans sa vie de tous les jours. C’est ainsi que lorsqu’elle eut une réponse, qui par ailleurs la surprit par le peu de courtoisie, voir même l’absence, que celle-ci contenait !

« Je vois ! » dit elle assez sèchement.

Puis elle se leva, souplement. Elle resta planté là quelques instants et puis tout en douceur, s’avança vers le bord du toit. Là, elle regarda en dessous elle, vérifia que personne ne passait, et elle sauté. Retombant toute en légèreté ? Elle resta plantée, sans rien dire quelques secondes, puis enfin, releva la tête pour voir celui qui l’intriguait. Devait elle parler ou le laisser venir ? Elle n’en savait rien. Tout ce dont elle était sur, c’est qu’il ne fallait jamais forcer els gens à faire quoi que ce soit, elle-même n’appréciait aucunement ce genre d’approche. Et puis elle savait très bien qu’un jour pertinemment, dans le pire des cas, elle le recroiserait.

[dsl c petit mais j’ai du mal en ce moment avec tout le boulot, et puis y’a pas trop de matière !^^]