on grimpe... (arwy)

La soirée, la nuit étaient bien avancées lorsque Miyu inséra la clef de sa chambre dans la serrure. Sur les escaliers en bois de l’auberge, ses bottes glissantes avaient laissé comme des marres de l’eau de la fontaine, dans laquelle il s’était offert de faire trempette. Guère étonnant de sa part me direz-vous. Mais l’originalité de cette baignade-ci fut sans doute la compagnie qui fut sienne alors qu’il s’immergeait. Laquelle compagnie contribuait, en montant à son tour les marches, à élargir les flaques d’eau déjà créées. Tear va me passer un sacré savon demain matin, j’ai intérêt à jouer les matinaux, songea-t-il en se mordillant les lèvres. Il s’était déjà appliqué à faire le moins de bruit possible, histoire de ne pas se voir réprimandé en pleine nuit, mais il avait toujours l’impression –fausse sans doute, étant donné sa sensibilité notoire- qu’elle le regardait de travers. D’un autre côté, il était là tous les soirs ou presque et payait sans faute sa chambre, grâce à la poignée de Rins vitale qu’on lui octroyait pour ses services de meneur.

La porte s’ouvrit avec un infime petit grincement, et le jeune homme pénétra le premier pour se donner une idée du bazard qui régnait ici. Il alluma une lampe à huile qui pendait dans un coin et diffusait vaillamment sa faible lueur dans la pièce qui lui servait de demeure. C’était modeste, très modeste même, mais très largement suffisant. Et puis, c’était confortable ! Le lit était grand, la petite salle d’eau assez propre, et le bazard qui régnait ici n’était en fait du qu’à un amoncellement d’affaires toutes plus ou moins agréables à l’œil comme au toucher. Miyu était coquet, et ceci était presque aussi notoire que sa sensibilité. Il invita d’un geste de la main la demoiselle à entrer à sa suite, ouvrit un placard d’où il sortit une serviette moelleuse pour la lui tendre. Il rangea ensuite deux trois petites choses qui traînaient et pourraient la gêner, avant de se rendre dans sa salle d’eau. Là, il prit une serviette usagée, la sienne, et la posa sur sa tête avant de revenir dans la pièce principale. Assis sur son lit, il ôta ses bottes, répandit un peu plus d’eau sur le parquet mais n’en fut pas plus gêné que cela, puis ouvrit l’étuis de sa guitare Ovation pour en sortir la belle. Comme à chaque fois lorsqu’il saisissait le manche lustré du splendide instrument de jais, il ferma les yeux un instant et la caressa avec une étrange tendresse, puis vérifia l’état des cordes rapidement. Il la souleva ensuite, se leva avec un léger râle étouffé avant de la reposer sur une étagère. Il reporta ensuite son attention sur Arwana, puis replia une jambe sous l’autre. « Alors, interrogea-t-il, que penses-tu de mon modeste chez moi ? » La question était simple, mais le ton très doux, allant de paire avec le regard caressant qu’il posa sur elle. S’il ne la tripotait pas, ses yeux eux ne se gênaient pas pour le faire. Elle était jolie, la demoiselle, puis le jeune homme ne résistait pas à une splendide elfe vêtue d’une robe blanche encore humide, plaquée à sa chair moelleuse… Il ne s’était pas demandé ce qui arriverait en l’amenant ici, bien que cela puisse paraître plutôt évident. Tout dépendrait en fait de ce qu’elle voudrait faire. De toutes façons, Miyu ne devait pas oublier l’embarcadère le lendemain matin, ce qui rendrait brève, étant donné l’heure déjà avancée de la nuit, leur petite soirée… si charmante fut-elle.

Il se dit d’ailleurs que c’était bien sa veine. Pour une fois que la soirée tournait à son avantage, il fallait que ça ne soit plus l’heure pour les petits écarts. Certes, il avait beau se le dire, il ne se cachait pas non plus le fait que, se connaissant bien, il savait pertinemment que si les choses devaient tourner en faveur de n’importe quel chapitre du kamasutra, le meneur ne rechignerait à rien si cela devait enfin le faire passer les voluptueuses soirées qui lui manquaient tant depuis qu’il avait quitté le Japon.

Tout cela bien sur dans le respect total de la pureté et de la vertu d’Arwana…

« Est-ce que tu veux boire un verre ? » demanda-t-il pour couper court à ses réflexions. « Je sais que tu as déjà bu de trop, mais sait-on jamais, un bon saké ne fait jamais de mal… Je vais m’en faire chauffer pour moi de toutes façons » Et sur ce, il lui sourit agréablement. Il avait envie de tout mettre en œuvre pour que la soirée soit la plus douce possible.

(c'est court, mais pour débuter un topic normal ^^ puis je nous ai ménagées, vu le nombre de topics qu'on a)

Mais que faisait-elle ? Accepter une invitation chez un tel garçon ! Etait ce l’hydromel ou les gâteaux qui agissaient à sa place ? Non, Arwana en doutait fort. Elle s’accrochait juste à un jeune homme qui était totalement différent d’elle mais qui lui ressemblait tellement à la fois. Bref elle l’avait suivi le long des ruelles et se trouvaient maintenant devant sa chambre à l’auberge. Arwana était gelée, mais elle essayait de ne pas trop le montrer. En réalité, ce n’était pare qu’elle était une elfe, qu’elle ne ressentait pas le froid. En réalité, elle avait même découvert le froid avec les émotions et non avec l’air ambiant. Quoi qu’il en soit depuis qu’elle n’était plus dans l’eau, la petite brise nocturne lui avait picoté la peau.

Miyu tourna la clef dans la serrure, tant de suspens, pour si peu, elle l’aurait bien poussé mais elle ne savait pas si il l’aurait bien pris ou non. Il s étaient en train de tremper le parquet et monsieur faisait des cas de l’ordre de sa chambre. Ca l’amusait aussi esquissa t’elle un sourire dans le dos du meneur de barque. Elle l’avait laissé entrer entièrement le premier, il avait allumé un petite lampe à huile, alors que notre palefrenière était restée sur le pas de la porte et observait les lieux. Elle ne jugeait rien, mais constatait avec un petit sourire que la chambre ressemblait vraiment au propriétaire. Tout reflétait vraiment la personnalité qu’elle avait réussit à cerner du jeune homme. Il aimait les choses belles, douces et distinguées en un sens, et avoir son espace pour dormir.

Elle s’avança alors dans la pièce et ferma la porte derrière elle lorsque son hôte le lui intima. Elle le regarda alors avec un sourire radieux, mais en claquant un peu des dents. Elle prit la serviette qu’il lui tendait, et avec gratitude. Elle lâcha sa longue chevelure, la sécha un peu puis s’enroula dans la serviette moelleuse pour essayer de se réchauffer un peu. Pendant que Miyu était allé dans la salle de bain, elle s’était approchée de la fenêtre et observa l’extérieur. Que la nuit était belle ! Etoilée et la lune éclairant les ruelles qui se vidaient du fait de l’heure avancée de la nuit. Etrangement, elle se sentait bien avec Miyu, même dans sa chambre. D’ailleurs se dernier revint et elle le regarda, amusée, retirer ses bottes assez humide dira t-on puis s’occuper de sa guitare. Elle semblait beaucoup compter pour lui, et qui plus est, il en jouait merveilleusement bien. C’est alors que vint une question, à laquelle il fallait le dire elle s’attendait. Non pas à cause de son don, qui était annihilé mais par instinct. En réalité, elle n’aurait su décrire ce qu’elle ressentait, mais Arwana savourait de pouvoir dire, faire et penser les choses, sans être influencée par les émotions des autres. Pouvoir faire tout d’elle-même, pouvait aussi bien être effrayant qu’agréable, mais cela lui plaisait beaucoup.

Elle se tourna, et observa la guitare que le jeune homme venait de déposer délicatement sur l’étagère. « C’est magnifique, ca te ressemble. » dit elle simplement. « Dis, tu l’aimes beaucoup ta guitare, plus que tout ? » lui demanda t’elle alors ensuite, se rendant compte que ses propos était très étranges tout de même. Un point d’interrogation naquit même dans son esprit en voyant la stupidité qu’elle venait de sortir. Mais cela lui semblait tellement évident, à la voir agir de la sorte avec son instrument. Elle tourna alors le regard sur lui, le sentant la déshabiller du regard. Elle ne devait pas être vraiment agréable a regarder vu ses tremblements songea t’elle, amis s’était sans compter ses vêtements ! Elle lança alors un regard assez éloquent à Miyu, qui était dans ses pensées, pensées, qu’elle ne préférait même pas connaître. Qui sait ce qui peut se cacher dans l’esprit d’un homme en train de regarder une femme toute mouillée, surtout avec un esprit comme celui du meneur de barque.

Il se sortit enfin de son mutisme et de sa réflexion personnelle pour proposer à Arwana de boire quelque chose. Bien sûr l’hydromel avait fiat des ravages sur elle, mais elle avait confiance en Miyu, elle accepta alors d’un signe de tête, puis si ca pouvait la réchauffer. « Oui merci beaucoup, puis qi sait quelle extravagance j’inventerais pour te faire rire ? » Qu’elle aimait se faire mystérieuse et lancer des petites perches de la sorte à son beau meneur de barque !

Miyu observait son hôte, ses gestes, les regards qu’elle laissait traîner à droite et à gauche. Elle avait, à en croire par tous les accros que ses yeux marquaient, un sens aigu du détail… Et ce n’était pas pour déplaire à l’homme. Effectivement, Miyu s’était procuré chacun de ses objets parce qu’ils avaient un détail notable et séducteur à ses yeux. Un peu à la manière de Kyoko, quelque part. Il pensa alors à la femme. Nippone tout comme lui, la jeune femme s’était montrée semblable à lui en tout point. Elle l’avait même rendu « sensible » pour un bref laps de temps. Et puis, Kyoko était une magnifique femme, personne n’aurait jamais pu lui enlever sa peau diaphane, son regard vaporeux et mystérieux… Mais Kyoko était presque trop belle. La femme était par trop parfaite. Jamais il ne l’aurait guidée jusqu’à chez lui à la manière d’Arwana, jamais il n’aurait pataugé dans une fontaine en compagnie de Kyoko… S’il avait eu, quelque part, du désir pour cette femme, de l’admiration, aussi, il avait l’impression d’avoir pour la jeune Arwana quelque chose qui ressemblait davantage à de la tendresse. Arwana coupa ses pensées en lui répondant. Il fut amusé par ce qu’elle lui dit, d’ailleurs. Cette petite réplique était finalement la digne réplique des acteurs qu’ils étaient, cette nuit. Ils avaient fait connaissance sur une scène, puis ils avaient joué… Jusque là.

Quelque chose avait changé dans le regard de Miyu, quelque chose d’imperceptible. Il ne jouait plus. Il ne répondit donc pas à la jeune femme. Il écouta simplement la question qui suivit, puis se leva. La guitare… Il sourit avec beaucoup de franchise à la jeune femme. Aimait-il sa guitare plus que tout ? Il l’ignorait. Finalement il ne s’était pas posé la question. Miyu ne hiérarchisait pas l’amour. Il aimait sa guitare, le saké, les femmes… Plus que tout il aimait les trois à la fois… Pourquoi aller plus loin dans l’étude de ses afflictions ? Il haussa les épaules en effleurant le bois noir et verni du bout des doigts. Il voyait son reflet dedans. Elle lui renvoyait une belle image, comme une image atténuée de ce qu’il montrait à autrui. Finalement, elle était la seule qui parlait pour lui avec justesse. « Elle est la seule chose que j’ai emporté lorsque j’ai quitté mon pays. La seule chose que je ne pouvais pas laisser là bas. J’ignore pourquoi, mais oui, ça doit être parce que je l’aime beaucoup » Il relativisa alors… Dire s’il s’agissait de ce qu’il aimait le plus au monde lui était impossible. « C’est un bel instrument, et elle a une résonnance unique »
Voilà tout…

Vint ensuite le saké. La guitare était là qui les observait. La jeune femme était succulente. Manquait alors le délicieux alcool. Pour le plus grand plaisir de Miyu, elle accepta sa proposition. Il s’en fut donc dans un coin pour s’emparer d’une bouteille de saké. Il y avait une petite cheminée dans la chambre. Cheminée que Miyu alluma avec précautions. Il versa ensuite le saké dans un récipient adapté, peu profond mais large, pour l’y faire chauffer. L’agitant tout doucement, le meneur y ajouta quelques épices. Ainsi parfumé et chauffé, le saké était magique. Il prenait une légère teinte dorée, qui était faite pour ravir l’œil. Alors que sa préparation frémissait, faisant patienter la demoiselle, il alla chercher une cruche en verre et de petites coupelles. Il récupéra le saké dans la cruche, puis, la tenant à l’aide d’un torchon, il servit dans les coupelles de ce saké délicieux. En tendant une à Arwana, il la laissa s’en saisir, puis trinqua. « Kampaï »
Il lui sourit, puis but sa propre coupe. La soirée promettait d’être pleine de saveurs.

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Combien de temps s’était écoulé depuis qu’ils avaient passé cette soirée ? Miyu ne comptait pas. Arwana, il l’avait revue de nombreuses fois. Puis ils s’étaient perdus de vue… Et retrouvés. La jeune femme lui avait souvent faussé compagnie pour des escapades sur le continent, chose qu’il ne faisait jamais. Il voulait ignorait cette crasse et ce sang. Lui voulait rester sur Ynis en ce monde d’apparence. Qu’Arwana aille combattre le dérangeait, au début. Parce qu’il était inquiet. Mais en fin de compte, il s’était fait à l’idée qu’elle était trop libre pour qu’il ne suffise à la retenir, et acceptait qu’elle s’éloigne. Finalement, c’était le prix à payer pour savourer les délices d’une soirée sous l’égide de sa guitare, de la succulente elfe, et du saké… Quelle descente elle avait, d’ailleurs ! Ses réserves avaient diminué de plus de leur moitié, depuis qu’il la connaissait. Et c’est ce matin là qu’il s’en rendit compte.

Alors que la donzelle roupillait dans le lit de sa chambre à l’auberge, Miyu s’était levé plus tôt, comme à son habitude, pour aller récupérer un nouveau venu. Ces derniers temps, il devait aller en chercher plus d’une demi-douzaine par jour. Il n’y avait pas un matin ou le meneur pouvait savourer la présence de son exhibitionniste préférée. Il se tenait debout, torse nu et son pantalon tombant un peu sur son adorable postérieur rebondi. Les poings sur les hanches, il observait l’étagère où se trouvaient les bouteilles de saké.
Miyu avait un peu changé, ces derniers temps. Il avait moins le temps de végéter, et cela s’en ressentait dans sa physionomie. Ses cheveux étaient beaucoup moins ordonnés. Ils avaient poussés, et il devait en attacher une partie. Leur bleu était un peu moins vif, bien que toujours frappant. Son teint était un peu plus halé, signe qu’il passait beaucoup plus de temps à l’extérieur… Il avait du effectuer de nombreuses réparations de sa barques, et ceci lui avait abîmé les mains… Quand à la brume, elle devenait capricieuse, et Miyu avait à se battre avec elle à chaque passage.

Il poussa un soupir puis alla prendre sa chemise blanche, qui gisait à côté du lit. Il lui laissait la clef de sa chambre comme à son habitude, là juste à côté de son visage. Ses lunettes d’aviateur sur le front, il fit un pas en direction de la porte.

Combien de temps depuis cette fameuse nuit ? Cette fameuse interprétation, suivie d’une belle promenade et visite ? Un mois, deux ? Peut même être plus ! Et il s’en était passé des choses depuis. La vie continuait son long chemin pendant que le temps passait. Fichu aiguille qui vole petit à petit, telle une grippe sous, la moindre parcelle de votre vie et de vos instants de bonheur ! Mais Arwana profitait toujours autant de ses rencontres avec son beau meneur. Il était le premier à lui avoir tant montré en ce qui concernait à la fois l’île et sa propre identité. Et plus que tout, il était l’une des rares personnes qui respectaient sa liberté. Celle-ci, elle l’avait acquise au fil de ses années d’errance, et à présent, nul ne serait capable de la lui ôter ; elle y tenait. Plus que cela, la jeune elfe serait capable de mourir plutôt que de vivre emprisonnée. Elle espérait juste que le jeune meneur de barque ne souffre pas trop de cette partie de son caractère. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle préférait ne pas y penser, car se connaissant elle savait qu’elle aurait fait passer sa liberté en second plan à la moindre demande de Miyu. Mais cela n’aurait pas fonctionné longtemps et la chute aurait pu être encore plus terrible.

Enfin, la jeune femme avait pris quelques habitudes depuis qu’elle connaissait cet incroyable joueur de guitare. L’une d’elle ? Se réchauffer à la fois dans les bras de celui-ci, mais aussi avec une petite tasse de son meilleur cru de saké. Il se faisait toujours un plaisir d’en boire accompagné de la jeune palefrenière mais celle-ci se demandait si ce n’était finalement pas pour une quelconque raison ! Les effets que cela avait sur sa frêle bien que musclée silhouette par exemple ! Un sourire se formait doucement sur son visage chaque fois qu’elle avait cette pensée. Après tout les plaisirs de la vie n’étaient pas à bannir du moment qu’ils étaient consommés avec modération ! En tout cas, Arwana n’était pas la première à dire non ! Mais ce qu’elle aimait le plus avec cet homme c’était la sérénité qu’il lui procurait. Ils avaient toujours cette manière de jouer dans la légèreté, qu faisait oublier le quotidien. Et pourtant tout les deux savaient très bien ce qu’il en était. Miyu de part sa place de meneur de barque, et Arwana grâce à ses nombreuses escapades sur le continent.

Sur le sujet, elle ne savait pas vraiment ce que le beau meneur de barque à la chevelure azure en pensait, mais elle lui était énormément reconnaissante du respect de sa liberté dont il faisait preuve. En effet elle était allée une première fois sur le continent, et avait rencontré Zane. Elle avait combattu avec lui, elle en avait même découvert l’étendue potentielle de ses pouvoirs. Elle avait aussi appris pas mal de choses sur le continent, mais elle n’en était pas sortie indemne. Première difficulté. En effet, elle n’avait pas voulu que Miyu le sache, or il est difficile de cacher certaines choses alors que vous avez un bras et un mollet troué. Peut être fut mieux ainsi, et que Miyu sache tout lui apportait un certain soutient. Il était devenu son confident, celui à qui elle pouvait se confier, et qui la comprenait, la cernait. Du moins pour l’essentiel, car il est toujours une part d’elle que chaque femme ne dévoile pas. Enfin, cette escapade en avait apportée une autre, où d’ailleurs le jeune homme avait était l’un des meneurs. Encore une fois elle n’en était pas sortie indemne. Et comme la première fois, elle n‘avait pu s’empêcher de venir voir Miyu !

Elle comprenait que lui ne veuille pas retourner sur le continent, et elle respectait son choix. La jeune femme elle ne pouvait pas encore fermer les yeux sur ce qu’elle avait vu durant son long voyage. Désolation, meurtres, sang, créatures étranges et tanti quanti actes maléfiques, qu’il ne valait mieux pas décrire. C’était pour cette raison qu’elle accompagnait souvent les missions sur le continent. Et, même si cela pouvait paraître étrange, le jeune palefrenière avait comme un besoin de se rappeler ce qu’elle avait vécue pendant ces huit années de solitude et d’errance afin de savourer au mieux sa vie sur Ynis, avec ses amis et l’homme qui savait la faire rire l’apaiser. Peut être ne l’avait elle pas encore très bien cerné, mais c’était ce qui faisait de lui un individu mystérieux et appréciable. Enfin quoi qu’il en soit, une mission s’approchait encore, et la jeune femme s’était portée volontaire, pour Emma. Oui cette fois ci, rien ne l’amenait vraiment à partir si ce n’était pour donner un coup de main à la dirigeante de l’île. Miyu quant à lui était plus que jamais occupé à ramener des gens sur l’île, si bien qu’ Arwana se demandait quand même comment ils allaient finir par faire pour d’une part abriter tout le monde et d’autre part tous les nourrir, si l’affluence continuait à ce rythme. La situation empirait sur le continent et sur l’île…N’était ce pas la prédiction de ce cher Zane ?

« Hummm….Tu parts déjà ? »

Avait elle dit d’une voix ensommeillée. Arwana se réveillait à peine, entendant Miyu se diriger vers la porte. Il avait ses petites habitudes, mais cette fois ci la jeune elfe avait eut le sommeil léger. D’une part la nuit pleine de douceurs avait était courte et d’autre part elle était inquiète. A la fois pour le meneur de barque, et aussi pour la futur mission sur le continent. Cela elle ne lui en avait encore pas parlé. D’habitude il ne disait rien, mais là elle ne savait pas si cela ferait trop pour lui ou non… Elle finit tout de même par ouvrir un œil. En face d’elle, les clefs as usual, et la couverture ne recouvrant qu’à moitié son corps à la peau douce et de velours, elle la remonta. Un sourire se dessina alors sur ses lèvres et elle ajouta, déjà un peu plus réveillée.

« Tu ne veux pas que je t’accompagne ? »

A peine eut-il effleuré la poignée de la porte qu’un grognement se fit entendre dans son dos. Il était surpris de l’avoir réveillée, cela n’arrivait pratiquement jamais. Il était même des journées (car à ce stade, « matin » n’est plus là que pour la bienséance) où il rentrait du lac pour la trouver, ronflante comme un camionneur, un filet de bave sur la joue et à moitié découverte par le drap avec lequel elle avait du se battre toute la matinée. Il était pour ainsi dire rare que la donzelle paresseuse ait le sommeil léger. Lui, cela ne le dérangeait pas, il trouvait même ça amusant… Et ce qui était amusant était bon pour lui. Il se retourna donc pour la trouver à se tortiller sur le drap qu’elle remonta sur sa poitrine. Quel dommage, songeait-il. Mais son regret était coupé de soulagement. En effet, à chaque fois que ses yeux se posaient sur les multiples cicatrices qui parcouraient le corps de la jeune elfe, il ne pouvait empêcher ses dents de grincer. Elle qui était si jolie, elle avait brisé une part de sa beauté… Car Miyu n’était en aucun cas séduit par le sang et les armes. Bien au contraire, il les abhorrait. Et cela même si c’était Arwana qui les tenait.

Elle lui proposa de l’accompagner sur le lac, ce qui le sortit de ses grincements désagréables. Il se demanda à part lui s’il avait le droit d’y emmener quelqu’un, et se remémora pour le coup les règles inculquées par le Vioque.

« Pas le droit de dormir,
Pas le droit de sauter sur les nouvelles venues (à ce sujet là, le Vioque avait été pris d’une violente quinte de toux),
Pas le droit de parler de l’île à ceux qui doivent pas monter,
Pas le droit de refuser un gars qu’on est venu pour lui,
Pas le droit de taper les gens qui montent, sauf quand ils sont vraiment pénibles,
Pas le droit de…. »

La liste était longue, et Miyu savait très bien que le Vioque avait du en enfreindre plus des deux tiers. Mais dans tous les cas, il ne se souvenait pas de l’interdit d’amener de la compagnie dans la barque. Il y avait peut-être bien une règle qui disait « Pas le droit de forniquer dans la barque » mais ils étaient suffisamment grands pour se retenir. Du moins, Arwana l’était, et c’était déjà pas mal. Il la regarda donc un peu mieux, et ne pu ignorer à quel point elle avait l’air fatiguée. Il s’approcha alors d’elle et s’accroupit devant le lit. Ses doigts vinrent jouer dans l’anneau de la clef de la chambre, lors qu’il lui demandait d’une voix volontairement suave :

« Tu as l’air exténuée, tu ne voudrais pas te reposer, plutôt ? » Il leva une main vers elle pour caresser sa joue, et ajouta : « Ca me ferait plaisir, bien entendu, mais je ne t’en voudrais pas de rester au lit davantage… Si tu te voyais… »

Ce n’était pas uniquement aux cernes qu’il faisait allusion, mais il avait peur de parler du reste… Miyu se connaissait assez pour savoir que sourd face aux sentiments d’autrui, il risquait de la blesser en allant plus avant dans sa pensée. Et puis, la demoiselle risquait se vexer s’il critiquait ses escapades et ce qu’elles faisaient d’elle… Et c’était la dernière chose qu’il voulait.

Arwana était du genre bon dormeur lorsqu’un bon lit s’offrait à elle. Mais ce matin là, elle avait exception à la règle. Sûrement l’inquiétude qui l’empêchait d’avoir un sommeil lourd comme d’accoutumée. Mais comment se sentir en phase avec soi même lorsque l’on sait que l’on va faire quelque chose qui déplait à la personne que l’on aime ? Arwana, bien qu’elle avait cette fois ci acceptée uniquement pour aider Emma, se sentait mal vis-à-vis de Miyu. Elle espérait qu’il comprendrait, mais en même temps se doutait bien qu’à sa place, elle ne réagirait pas autrement. Elle devrait lui faire la promesse de ne plus recommencer ces escapades, pour lui, pour eux, et pour elle. Elle avait bien vu que son regard avait changé, et la jeune palefrenière n’avait trouvé que cela.

Encore à moitié endormie, elle devait d’ailleurs encore avoir les marques du drap sur la joue, elle demanda à Miyu si il voulait bien qu’elle l’accompagne. Elle voulait être avec lui, et surtout lui parler. De tout et de rien, mais plus que tout de l’important. De toute manière viendrait un moment où elle y serait obligée. Qui plus est elle savait qu’elle pouvait l’accompagner sur le lac, du moins si il n’avait pas trop de monde, car en effet souvent Lily la prenait comme passagère pour se tenir compagnie et puis papoter entre filles. Mais il était vrai que jamais Arwana ne s’était demandé si la petite nymphe n’enfreignait pas les règles des meneurs !

Miyu s’approcha d’elle et elle se redressa, se mettant ainsi à moitié assise dans le lit. Sa tête endormie devait être impressionnante ! Mais à présent l’esprit complètement désembrumé, elle se sentait d’attaque pour une nouvelle journée ! Néanmoins, la réflexion de jeune meneur, la refroidit quelque peu. En effet elle savait que des cernes devaient se dessiner sous ses yeux, le manque de sommeil finissant par se faire ressentir, elle savait que quelques cicatrices se faisaient coriaces aux soins, mais de là à…

« Justement je crois qu’il faut que l’on parle sincèrement… et je crois aussi qu’il est de mon devoir de te faire une promesse. »

Sur ce, elle prit sa main dans la sienne, regarda doucement la peau fine et souple de son possesseur. Elle remonta ensuite son regard et le posa dans ses yeux azurs. Enfin la jeune femme lui fit un petit bisou sur le nez et se leva. Posant les pieds au sol, le drap tomba finalement complètement. Elle attrapa sa robe qui était posée là, sur une chaise non loin, et l’enfila souplement et avec la grâce des elfes. Il était étrange de voir, comme Arwana gardait cette douceur, et cette finesse malgré les combats durs et sanglants auxquels elle avait participé. Contrairement à ce que l’on pouvait penser, elle n’aimait pas les combats, mais elle voulait aider, et le conflit entre ces deux volontés et celle de retrouver Zane, pour avoir sa revenge, transcendait le fait même qu’une femme, une elfe, si jeune n’avait rien à faire sur un champ de bataille.

Enfin, Arwana, vêtue et chaussée, se retourna, partit vers Miyu, lui prit la main et le tira pour qu’ils partent, sans même un regard. Elle ne savait comment faire pour aborder le sujet, mais il le faudrait bien, elle le devait pour lui surtout. Elle ne voulait pas le perdre pour de telles futilités. Mais pour lors, ils fallait qu’ils se dépêchent pour ne pas faire attendre les futurs nouveaux habitants de l’île.

« Vite nous allons être en retard ! »